Article écrit par Claire Ly et paru dans le Pèlerin Magazine de janvier 2008.[9 KB]

Dans cette nuit de doute et de questionnement, un astre s'est levé. Il m'invite à me mettre en quête d'un matin nouveau. Sur cette route incertaine, je ne suis pas seul. Deux compagnons me rejoignent, guidés par l'astre mystérieux. Je marche en silence. Selon ma tradition, l'Ineffable n'est pas du domaine de la parole. Je me sens, pourtant, en profonde communion avec eux : une quête commune nous habite. La vue de l'astre nous remplit d'une très grande joie. Une joie profonde, une joie harmonieuse… Je m'agenouille devant cet Enfant qui paraît si ordinaire sur les genoux de Sa maman. Mais qui, plus qu'un petit enfant, peut me dire la plénitude de l'espérance ? La vie triomphe sur les forces de la mort, malgré sa fragilité, malgré son impermanence. Avec mes deux compagnons, je me prosterne devant cet Enfant, je lui offre ce que j'ai de plus précieux : les richesses et les parfums de l'Asie. Ce sont nos sagesses, nos voies spirituelles. Elles m'ont modelé, structuré. Je me sens pleinement moi-même devant cet enfant de l'espérance.

Ma culture d'origine est façonnée par l'enseignement de Sâkyamuni, le Bouddha. Au matin de cette quête, je ne peux que parler de cet enseignement à l'Enfant de l'espérance. La grandeur de l'homme est inscrite au cœur de la tradition bouddhique, car, selon elle, il est le seul à pouvoir se libérer du cycle des morts et des renaissances, le Samsara. L'enfant de Bethléem a amplifié cette grandeur et a permis à Melchior, à Balthazar et à moi-même de nous rencontrer dans nos différences. Je prends une autre route pour rentrer dans mon pays. Mais j'ai à cœur de partager, avec ceux qui sont restés à la maison, cette quête guidée par l'astre. Au matin d'un jour nouveau, j'intériorise cette espérance dans le cœur de ma culture… et vous invite, amis occidentaux, à goûter l'ivresse de la rencontre entre cultures, entre spiritualités… Ivresse que certains ont qualifiée d'utopie ! Moi, Gaspar, je voudrais vous dire qu'il est bon de laisser l'ivresse de l'espérance vous envahir pour oser dire non à tout totalitarisme. L'action de la junte militaire à l'encontre des moines bouddhistes en Birmanie n'a soulevé que des protestations molles de la part des pays occidentaux. En ce temps d'Épiphanie, ici et maintenant, ne laissons pas d'autres Hérode massacrer les innocents…

Claire Ly

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